Exposition Hopper _ Grand Palais _ Hiver 2013



La foule patiente et les regards creusent
L’architecture de la solitude,
L’obscurité qui encamisole les couleurs de la ville et la vie. 

Les tableaux commencent à déborder du cadre et l’œil perçoit tout d’un coup une dimension nouvelle que le peintre fouille à travers toute son œuvre.


Comme ces scènes de vie arrachées au passé, j’isole des groupes qui passent par vague, une ou deux figures notables, une posture, un beau maintien, soutenant de jolis traits, des yeux curieux qui interrogent silencieusement la scène qui se joue. 


Sous le plafond en alvéoles du Grand Palais gravitent des taches de couleur, bimanes, bipèdes, à vision stéréoscopique. Tous ces oiseaux de nuit avides de chromatisme circulent appesantis par la surcharge sensorielle de l’exposition. Ils passent en instantanés, l’esprit léger comme la nudité estivale d’une chambre d’hôtel. Après avoir longuement savouré une œuvre, les visiteurs se lèvent comateux comme un clown qui a perdu sa partie de poker après le début d'une guerre mondiale. Ils s’attarderont encore au zinc chez Phillies, dans l’attente de l’aurore qu’ils redoutent, mais tous s’en iront… Puis ils disparaissent lentement avec les derniers spectateurs du théâtre qui espéraient un bis. Certains feront du zèle à l’instar d’employés de bureau par une nuit chaude d’été ou prendront le large, prudents comme ces marins du dimanche encalminés dans la houle.


Robe à fleur, visiteur, gardien débonnaire, étudiante en art, yeux en coin, physique d’athlète, échappée de défilé. Après avoir vagabondé dans les pensées d’une spectatrice pendant l’entracte, la torpeur du philosophe las de sexe et de lecture s’installe. 


Ce siècle verra l’extinction de tous ces oiseaux de nuit avides de chromatisme, pour ne laisser qu’une pièce vide où entre une chaude lumière.