Memento Mori


Dieu a joué l’univers sur un jeu de dés. Les mots jouissent du même sort et les répliques racontent l’histoire d’une femme, comme l’existence de toute l’humanité avant nous.

Acte I – Plateau TV
Actrice, mannequin, crétine peau bronzée sur le sable des plages tropicales, vertement conne et adulée, l’intervieweur est un professionnel.

Acte II – Goujat
L’ectoplasme de journaliste se révèle un lutin malicieux qui pique son invitée de petites digressions erratiques, de questions inattendues, de reformulations, impromptues. Le script semble identique mais le ton n’y est plus. « On y croit plus », « elle a plus la force », « son énergie s’est envolée », « elle a perdu la force de la jeunesse » pense le public.

Acte III – Memento mori
Le masque mortuaire du destin a fait son apparition. Mais on n’est pas à la télévision, la connivence immédiate entre intervieweur et interviewé est mort-née. Le maquillage ne sert pas que des peaux toujours propres et saines, les coupures répétitives ne sont pas qu’offrande à la pub. Au théâtre les dialogues merdiques de films de zombies se réagencent et mutent pour coloniser le temps. Certaines phrases sont des memento mori qui burinent la peau déjà ridée. Ils sont ces années qui abrasent les dents. Le grain des mots effritent les cartilages, les espoirs déçus colmatent les articulations. Au moment de la mort je pourrai dire que j’ai été ce corps de sable mouvant et émouvant qui glisse en moi.

Acte IV .......